Les réseaux sociaux ont pris la place de la télé chez ceux qui n’en voulaient plus

Par , Le 22 janvier 2017 (Temps de lecture estimé : 7 min)

Voilà plusieurs années que je me suis séparé de la boîte à images qui ornait mon salon. J’ai alors redécouvert ce que signifiait avoir du temps et être actif. Mais voilà peu, je me suis rendu compte que les réseaux sociaux ont subtilement pris la place de la télévision chez ceux qui, comme moi, n’en voulaient plus.
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Il y a bientôt neuf ans de ça, je me suis retrouvé à devoir me séparer de la télévision qu’il y avait chez moi. Un peu malgré moi, j’ai alors rapidement appris à composer sans et ma vie s’est très rapidement réorganisée. Mes parents me prêtèrent un petit poste de TV au bout de deux mois, en dépannage le temps de m’en racheter une. Je ne l’ai jamais allumée. Non par manque d’envie, je n’en avais tout simplement plus le temps, si bien que j’ai fini par le rendre.

Par la suite, en tombant sur une télé allumée quand j’allais chez les gens, je me suis alors rendu compte à quoi j’avais fermé la porte. J’éprouvais un sentiment de malaise et d’agression face à ce qui défilait quand ce n’était pas l’impression désagréable qu’on tentait de m’abêtir. Oh bien entendu, il y a toujours quelques programmes intéressants, mais ça reste une minorité, ne nous mentons pas. Et la publicité, elle, est partout. Patrick Le Lay, le PDG de TF1 de l’époque, a dit un jour : « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible ». Je me suis rendu compte au bout de quelques mois à quel point il disait vrai. Je retrouvais une vivacité d’esprit, une sérénité intérieure et surtout, beaucoup de temps pour faire beaucoup de choses. Mieux encore, ce que je ressentais n’était pas quelque chose d’isolée se limitant à ma personne : les autres « sans TV » avec qui j’ai pu discuter depuis ont tous ou presque fait état du même ressenti.

Mais avec le temps, les réseaux sociaux ont pris de plus en plus de place dans nos vies. Pour ma part, ils représentent même un aspect de mon activité professionnelle et ils sont des places sur lesquelles il m’est indispensable d’être professionnellement présent. En dehors de cet aspect, il y a le reste, ce temps que nous passons à échanger, râler, étaler nos vies, râler, étaler nos vies, râl… Bref, vous m’avez compris. Mais pour éviter de faire de mon cas une généralité, je me suis interrogé au sujet de mes connaissances qui vivent sans télévision depuis longtemps. Et à bien y regarder, plusieurs d’entre elles sont dans la même situation : pas de TV, mais bien connectées (et en plus, ça rime). De façon insidieuse, les réseaux sociaux ont finalement pris la place de la télévision chez ceux qui n’en voulaient plus.

Je parle de prendre la place, car finalement en dépit du fait qu’on choisit qui on décide de suivre, les mêmes inepties défilent, la publicité y est omniprésente et des gens vomissent leur colère, leur haine ou leur ignorance, tout ça qu’on veuille le voir ou non. On peut toujours faire abstraction, mais je commence à trouver mes limites en la matière. J’avais déjà en partie conscience de la place que ces plateformes occupait dans ma vie. J’ai d’ailleurs profité du carême 2016 pour lever le pied et m’abstenir de presque toute interaction tout en restant présent. Pendant plus de quarante jours, mes seules interventions se sont résumées à poster des articles vers l’un ou l’autre de mes blogs et quelques publications positives. Je referai prochainement état et avec plus en détails de ce que ce carême m’a apporté. D’ici là, je vais très largement lever le pied pour me préparer à entrer dans le carême 2017 en montant d’un cran : je me connecterai à Twitter et Facebook uniquement pour relayer mes articles de blogs. Ainsi, c’est une coupure quasi-totale que je m’apprête à opérer sur ces deux plateformes, du 1er Mars au 16 Avril 2017.

J’ai déjà viré les réseaux sociaux de mon téléphone. Après tout, comment faisait-on autrefois ? On lisait plus de livres, on se retrouvait, on parlait, on bricolait, on était plus présents dans nos loisirs, etc. J’ai le sentiment que toutes ces choses, que j’avais retrouvées de façon plus prégnantes voilà bientôt neuf ans, se diluent voir même se dissolvent dans l’usage que nous faisons de la télévision ou d’Internet. Et si on est adepte des deux, alors je n’aimerai réellement pas être à la place de la personne qui aura le courage d’entamer une démarche de sevrage. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : une drogue. Une drogue douce, consommé par l’habitude et qui détruit le temps qui passe. Le temps que nous avons devant nous et qui, une fois perdu, ne peut être retrouvé. Il ne s’agit pas de supprimer toute futilité de nos quotidiens, nous en avons besoin. Mais nous devons nous interroger régulièrement sur la place que nous leur donnons.

Je vous propose une petite fable bien connue pour conclure cet article. Un vieux professeur fut engagé pour donner une formation sur la gestion du temps à un groupe de dirigeants de grosses compagnies. Une fois devant son auditoire, qui était prêt à noter tout ce qu’il allait dire, il les regarda puis leur dit : « Nous allons réaliser une petite expérience. »
Il prit alors sous la table devant lui, un immense pot de verre qu’il posa délicatement en face de lui et un verre de vin. Il sortit ensuite une dizaine de gros cailloux, qu’il plaça un par un dans le grand pot. Lors que ce dernier fut rempli, il regarda vers ses élèves et leur demanda : « Ce pot est-il plein ? ». « Oui », lui répondirent-ils tous. « Vraiment ? » surenchérit-il avec un sourire.

Il prit sous la table un récipient rempli de gravillons. Toujours en prenant son temps, il versa ces gravillons sur les gros cailloux puis secoua le pot jusqu’à ce que les gravillons aillent entre les cailloux et au fond du pot. Il regarda à nouveau son public et reposa la même question : « Ce pot est-il plein ? ». « Probablement pas », lui répondirent les élèves comprenant son manège. « Bien », ajouta-t-il.

En effet, il prit alors un autre récipient sous la table, cette fois-ci rempli de sable. Avec attention, il versa le sable dans le pot. Le sable alla combler les espaces entre les gros cailloux et les gravillons. Avant qu’il eusse terminé, un membre du public commença à s’agacer et lui demanda : « Mais quelle est la finalité de tout ceci ? ».

Le professeur répondit : « La morale à tirer de cette expérience est la suivante : ce pot représente la durée de votre vie et les gros cailloux représentent toutes les choses importantes de celle-ci. Votre famille, vos amis, votre santé, vos rêves, vos idéaux ? Ou autre chose ? Ce qu’il faut retenir, c’est l’importance de placer les bonnes choses, les gros cailloux, en premier dans le pot. Si vous placez en premier le sable et les gravillons, qui sont les choses ayant le moins d’importance, alors il ne restera plus de place pour y mettre les éléments importants. Posez-vous cette question : quels sont les gros cailloux de votre vie ? »

Un autre élève pris la parole : « Et le verre de vin ? »

Le professeur prit le verre et versa celui-ci dans le pot. Le vin alla alors couler entre les cailloux, les gravillons et le sable. « Quoique vous décidiez, vous trouverez toujours le temps pour boire un verre avec un ami ».

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René DROUIN

Auteur d'anticipation, blogueur et créatif touche-à-tout, catho tradi, entrepreneur, THPI. Chasseur de woke et de droitard formolé à mes heures perdues. Mi-ours, mi-panda et re-mi-ours derrière.

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