Des agriculteurs mettent à sac un magasin bio : le lait végétal vendu ne venait pas d’une vache

Par , Le 2 août 2015 (Temps de lecture estimé : 5 min)

Je vous rassure, cette information est une blague. Pour autant, ce titre « Le Gorafi style » pourrait tout à fait devenir vrai de part le contexte absurde dans lequel l’action totalitaire des agriculteurs en colère s’enfonce.

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Un titre racoleur, et beaucoup de « gros mots » dès les premières lignes. Mais non content d’accumuler les gaffes, le portrait que l’actualité dépeint des agriculteurs en colère est d’autant plus inquiétant que l’État n’agit pas. Pourquoi inquiétant ? Parce que les actions menées par ceux-ci traduisent une forme de totalitarisme et une absence de réflexion.

Faire chier les gens, un sport national

Tout d’abord, à travers leurs actions violentes, une frange des agriculteurs en colère (que j’abrégerai désormais les coléreux) ne font rien d’autre qu’emmerder le monde. Il est certain que ça va faire avancer le schmilblick… Il est évident que si le citoyen est retardé dans son travail et bloqué sur la route, il va adhérer à la cause défendu par les bloqueurs… Donnez un coup de batte de base-ball à quelqu’un, et voyez s’il vous sourit après.

Le sens des priorités (ou pas)

Les centres commerciaux en tant que tels ne peuvent pas grand chose à ce qui se passe : d’une part il y a la liberté d’achat des gens (car là, en gros, les agriculteurs souhaitent s’imposer comme monopole), allant de paire avec une mondialisation irrationnelle à laquelle les citoyens (et les agriculteurs aussi) ont dit « amen » à une certaine époque. Même si je suis un fervent défenseur de l’économie locale, on a pas à imposer aux gens ce qu’ils doivent acheter : la démarche doit venir d’eux-même pour être comprise, et c’est par un travail de pédagogie qu’on peut y arriver !

D’autres part, tout passe par de grosses centrales. Donc tant qu’à aller pourrir Leclerc, Carrefour et consort, ne serait-il pas plus adapté d’aller taquiner les sièges sociaux, les directions régionales ou bien les plateformes de distributions ? Ca serait bien plus efficace. Là, tout ce que vous faites mes petits coléreux, c’est empêcher des gens d’aller bosser demain.

La remise en question (et accepter qu’on ait pu se planter)

On peut aussi parler du fait qu’il y une remise en question profonde que la profession doit avoir tandis qu’elle semble s’y refuser dans sa globalité. Quand je parle de remise en question, j’entends par là : mode de production, modèle économique, distribution et j’en passe. Nombre de petites structures agricoles ont fait cette démarche. Mais pour autant, la majorité peine à la faire et à accepter que leur survie passe par un modèle différent (les aides, c’est tellement plus cool). Ce refus d’évoluer et cette volonté de vouloir conserver le même schémas de fonctionnement, dont aujourd’hui les géants de la grande distributions profitent allègrement, leur nuit directement.

A titre d’exemple : « Des paysans bretons s’en sortent bien… en changeant l’agriculture »

Tout chef d’entreprise est un entrepreneur

Être paysan exploitant, de nos jours, c’est être un entrepreneur, au même titre que n’importe quel chef d’entreprise. Il est terminé le temps où il suffisait de pratiquer son métier dans son échoppe pour que son affaire tourne. Il faut avoir une démarche proactive d’entrepreneur. Ce dernier se doit de faire plus que le métier qu’il pratique, et il doit se remettre en question pour être toujours plus créatif sur la façon dont il va sortir son épingle du jeu. On aimerait tous qu’il en soit autrement, mais ce n’est pas le cas. J’en parlais justement il y a peu avec un contact dont le boulot est d’accompagner les chefs d’entreprises : il me l’a dit clairement, la gestion de la plupart des agriculteurs qu’il a comme client est le plus souvent catastrophique, alors que tout roulerait si c’était mieux géré.

L’action totalitariste, la solution (ou pas)

C’est donc sur ce concept que repose l’action des coléreux : « ou vous faites comme nous disons, ou on fout le feu à votre boîte« . Voila qui n’est pas sans rappeler l’action de la mafia nantaise il y a de ça quelques années… En gros, si une entreprise ne fait pas comme ils ont dit, elle est dégradée (et puis si on crame la mauvaise boutique, c’est pas bien grave après tout). C’est non seulement du chantage, mais faire preuve de violence à l’égard de ceux qui ne font pas ce que l’on souhaite, c’est ni plus ni moins qu’une attitude totalitaire. Dernier délire en date : des « actions de contrôle » dans les entreprises et l’organisation de certains coléreux en milice.

De plus, les dégâts occasionnés vont coûter près 874 000 € rien que dans l’Ouest. Autant d’argent qui ne sera pas utilisé en faveur du contribuable. A la limite, des actions comme celles menées dans les Midi-Pyrénées sont bien plus constructives : là bas, les agriculteurs en colère ont décidé d’apposer des autocollants sur les produits ne correspondant pas à leur vision des choses, une action sensibilisatrice bien plus pédagogique et pacifique. Il faut le souligner.

En conclusion

Bref, pas grand chose qui ne mérite notre soutien à mon goût. On a jamais obtenu d’évolutions sociales ou sociétales en utilisant la violence seule comme principal argument. On ne construit rien de bien avec la haine. Bon nombre d’alternatives existent et ont prouvé qu’un autre fonctionnement est possible. Il suffit de regarder pour constater. Mais non, la menace, la violence et la destruction des biens est tellement plus efficace… On se croirait revenu au moyen-âge. Je peux entendre que des agriculteurs ont de vrais problèmes, c’est un fait. Et je ne suis pas en train de dire que tous les agriculteurs ont tort. Mais ces attitudes font sous-entendre une certaine incapacité (collective) à être en mesure de régler les dits problèmes.

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René DROUIN

Auteur d'anticipation, blogueur et créatif touche-à-tout, catho tradi, entrepreneur, THPI. Chasseur de woke et de droitard formolé à mes heures perdues. Mi-ours, mi-panda et re-mi-ours derrière.

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